De Peter Hossli (text) et Nathalie Taiana (photo)
Du point de vue de Donald Trump, tout va bien. Le candidat républicain à la présidence a reçu cette semaine un soutien sans réserve de la convention de son parti à Milwaukee. Il a reçu de nombreuses marques de sympathie après l’attaque dont il a été victime. Quant à son adversaire, le président américain Joe Biden, il est en crise avec le Parti démocrate.
Selon les sondages actuels, Donald Trump obtiendra au moins 330 voix de grands électeurs lors des élections de novembre. On parle déjà d’une victoire écrasante. Avec quelles conséquences? A quoi ressemblerait un deuxième mandat avec le président républicain?
Après les discours à la convention de Milwaukee de Donald Trump et du candidat à la vice-présidence J. D. Vance, il semble certain que les Etats-Unis seront à nouveau isolés. Tour d’horizon de leur programme politique.
Peut-être s’agit-il d’un détail, mais il a toutefois attiré l’attention lors de la convention du parti: le ton de Donald Trump et de ses partisans était plus modéré que d’habitude. Ce n’est ni le fruit du hasard ni quelque chose de passager, selon une enquête du «New York Times». Le candidat à la présidence aurait décidé d’adoucir sa rhétorique et d’écarter de son entourage les éléments trop radicaux afin d’élargir l’électorat.
Lorsque Donald Trump était au pouvoir à la Maison-Blanche de 2017 à 2021, il a tenu en échec la Chine, la Russie et l’Iran, a-t-on entendu lors de la convention du parti. A cause de Joe Biden, la Chine est désormais plus forte, la Russie plus grande et l’Iran plus riche. Donald Trump veut isoler Téhéran pour qu’elle ne puisse plus financer les supplétifs de son régime à Gaza, au Yémen et au Liban. Et il promet d’affaiblir la Chine sur le plan commercial avec de nouveaux droits de douane. Une déclaration sur la Russie et Vladimir Poutine semble prématurée.
Donald Trump veut augmenter le budget de la défense américaine. Il prévoit de mettre en place un système de défense antimissile sur le modèle israélien. Il devrait augmenter la pression sur les partenaires de l’OTAN pour qu’ils dépensent davantage pour la défense. Les Etats-Unis ne devraient plus faire la guerre pour d’autres pays et la police nationale doit au contraire recevoir des fonds supplémentaires.
Toutefois, Donald Trump promet d’être un président pacifique. Il ne veut pas commencer de nouveaux conflits, mais mettre fin à ceux qui déjà en cours: «d’un coup de téléphone», assure-t-il. A commencer par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais cela ne semble possible que si l’Ukraine restitue les territoires conquis par les Russes, ce que Kiev et les Européens refusent.
Et pourtant, des guerres menacent… et des guerres commerciales aussi! Le «Made in America» est un atout et un thème central de la campagne électorale des républicains. Donald Trump et J.D. Vance veulent rapatrier aux Etats-Unis la production de biens en provenance du Mexique, de la Chine et d’autres pays asiatiques. Cela doit permettre de créer des emplois dans le pays bien rémunérés, en imposant des droits de douane élevés. Les économistes craignent toutefois que l’isolationnisme économique ne relance l’inflation.
Donald Trump suit le manuel républicain classique: des impôts bas, moins de réglementation et un taux d’administration réduit. Il veut également supprimer les taxes sur les pourboires. Avec ses nouvelles réglementations, il existe un risque d’augmentation de l’endettement.
Donald Trump souhaite réduire la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles importés des pays arabes. Cela ne serait possible qu’avec la fracturation aux Etats-Unis, c’est-à-dire l’extraction du pétrole par pression du sable et du schiste, ce qui est coûteux et polluant pour les sols, mais qui est rentable lorsque le prix du pétrole est élevé. Donald Trump ne croit pas beaucoup aux voitures électriques. Il ne veut plus encourager leur développement par l’État. Il veut supprimer le quota de véhicules électriques décidé sous Joe Biden.
Donald Trump promet de surveiller les frontières et d’expulser les personnes séjournant illégalement sur le territoire américain.
Le républicain promet de supprimer les fonds fédéraux aux écoles et aux universités qui enseignent la théorie critique de la race, «diffusent une idéologie radicale de genre et de gauche et enseignent des contenus sexuels aux enfants». Les femmes transgenres ne doivent pas être autorisées à participer aux sports féminins.
Donald Trump peut-il mettre en œuvre tous ses projets? Cela dépend des élections au Congrès, qui ont lieu en même temps que les élections présidentielles. Les républicains ont d’importantes chances de reconquérir le Sénat, détenu de justesse par les démocrates, et de consolider leur avance à la Chambre des représentants. Si Donald Trump n’y parvient pas, il lui restera encore un instrument avec lequel Barack Obama a souvent gouverné: les executive orders, les décrets présidentiels.