Interview: Peter Hossli
Les campagnes électorales aux États-Unis permettent souvent à un nouveau média de sortir du lot. Pourquoi?
Richard Berke: En période électorale, tant de ressources différentes sont mobilisées qu’il est tout à fait normal de constater l’émergence de nouveaux médias.
Quel événement médiatique considérez-vous comme le plus déterminant dans l’histoire des présidentielles américaines?
Les débats opposant John F. Kennedy et Richard Nixon en 1960 ont joué un rôle capital. Malgré l’efficacité du discours de Nixon, son apparence était négligée. Il était mal rasé et il transpirait. Kennedy, quant à lui, avait un style plus décontracté et paraissait plus aimable, deux atouts qui l’ont aidé de manière déterminante à gagner la confiance du public. En conclusion, à la télévision, une apparence soignée vaut parfois tous les discours.
De quelle manière les présidentielles influencent-elles les médias?
Les médias déploient des ressources importantes pour couvrir les présidentielles. Par conséquent, les autres sujets sont souvent relégués au second plan. En période électorale, la compétition est rude. C’est à qui publiera le premier une information exclusive, quelle que soit son importance, pour affirmer sa suprématie.
À l’inverse, de quelle manière les médias influencent-ils les présidentielles?
Les médias sont à même de donner une bonne ou une mauvaise image d’un candidat, quelle que soit l’information qu’ils transmettent. Ils ont également pour habitude de garder un œil sur les candidats et de vérifier si, une fois élus, ils tiennent leurs promesses. De plus, ils poussent les candidats à prendre position sur des sujets qu’ils auraient préféré éviter.
Quel est le média prépondérant pour les élections de 2012?
Dans cette campagne, internet occupe une place plus importante que jamais. De plus en plus de personnes se tiennent informées de l’actualité au travers d’internet et particulièrement des médias sociaux. Les candidats en sont conscients et savent en jouer.
Étant donné l’importance croissante des médias sociaux, quelle est la place des médias traditionnels?
Il est difficile de séparer les uns des autres. De nombreux médias traditionnels se tournent aujourd’hui vers les médias sociaux. La distinction est donc floue.
Lors des élections de 2008, quelle importance a revêtu le fait que Barack Obama saisissent les enjeux liés aux médias sociaux?
Ses partisans ont très largement utilisé les médias sociaux, et ce de manière intensive, bien plus que les Républicains. Cette utilisation massive a non seulement assuré à Obama le soutien de nombreux électeurs, mais lui a également permis d’une part de motiver des bénévoles à s’investir dans sa campagne et d’autre part d’inciter la population à se rendre aux urnes. Cependant, je ne pense pas que les médias sociaux aient déterminé à eux-seuls l’issue des élections.
Vous avez été qualifié de «journaliste politique le plus influent». Selon vous, à l’échelle individuelle, quel pouvoir détiennent les journalistes ?
Un journaliste peut jouer un rôle déterminent s’il est le seul à disposer de certaines informations à propos de la campagne ou d’un candidat.
Quelle est la stratégie du «New York Times» pour les élections de 2012?
Le New York Times met l’accent sur divers moyens de communication: internet, médias sociaux, interfaces interactives et blogs mis à jour en temps réel devraient permettre à nos lecteurs d’accéder à un contenu varié sur différentes plates-formes. Nous préparons d’ailleurs une application politique pour l’iPhone.